"Nul besoin d'être agrégé de logique ou de lettres pour goûter les mélodies riantes, instrumentations joueuses, harmonies voltigeuses et toute la fantaisie gracieuse qui traversent et habitent Coucouville, comme une nuée d'oiseaux bariolés. On est juste ravis, emportés, et sans doute transformés nous-mêmes en chansons" Wilfried Paris - Magic, Revue Pop Moderne
Voici Coucouville, septième ligne de fuite en forme d’album. Coucouville chante en langues crabiennes tout le chemin vers Coucouville. Coucouville surprend le tropisme de l’avant-chanson, fait tinter la vibration de l’imminence, assiste au déploiement du tout premier ramage, chatouille l’immensité du désir liminaire. C’est le bardo de la chanson, l’avant-scène dans la pleine lumière. Coucouville annonce Coucouville, et puis nous y voilà, Coucouville est née, Coucouville court après Coucouville :
..dans la coucouville vous entendrez onze cancions volubilisant à corps perdu selon la bienheureuse prodigalité des oiseaux. La chanson y restera bien sûr cette petite barque légère qu’on connaît mais elle découvrira (c’est un roman d’apprentissage) qu’elle peut aisément transporter les assemblages les plus conséquents, les plus inconséquents. Aucun mot ne lui fera peur, elle ne se refusera à aucune multiplicité mélodique. Le frêle esquif sans peine embarquera un océan, comme jadis le petit poucet mit l’ogre dans sa poche.
L’aile sera le support des nuées, l’invincible armature du ciel.
Un origami plié dans les quatre dimensions de l’espace-temps s’envolera vers la cinquième.
Epinglé dans ses constellations (la Lyre et le Cygne), Orphée contera au Petit Renard ses considérables sidérations.
Guitares et voix préparées, contrebasse frottée au pinceau à rechampir, caisse claire de pot de peinture, percussifs regrets de percluses solives, salves de bendirs cueillies à froid, vaillant petit balafon saltusien, primes cuicuis d’un appeau jouvenceau, orphéon de trompettes et clarinettes ensorceleuses de marcassins, toc-toc du pic-vert contrapunctant celui de deux pongistes musicomanes lancés dans un long échange sous les frondaisons des robiniers, des ormes et des érables champêtres, puis des milliers de prises, puis des milliers de pistes : ainsi va Coucouville.
“Ces chansons, à la tonalité tour à tour euphorique, berçante ou mélancolique, réveillent et rendent présentes ces voix de femmes d'un autre temps, par la grâce magicienne de l'impromptu, du jeu, de l’invention.” MAGIC
Marion Cousin et Eloïse Decazes sont musiciennes, chanteuses et amies. Depuis quelques quinze années, chacune en ses diverses incarnations (Catalina Matorral / Arlt) et compagnonnages (notamment Gaspar Claus, Kaumwald, Borja Flames pour l’une, Eric Chenaux, Delphine Dora, Julien Desailly pour l’autre) s’échine avec ses propres moyens, son propre tempérament, à faire avancer conjointement, fût-ce en crabe, la chanson d’auteur et la chanson sans auteur – qui lui est contraire mais pas ennemie – les musiques traditionnelles et les musiques expérimentales.
Pour la première fois en duo, elles donnent leur version amoureuse, fruste, hérétique du répertoire vernaculaire de Tras-O-Montes, pays du Nord-Est du Portugal. C’est un bouquet de chants de travail, de fête ou d’exaspération donnés en un idiome régional souple et plastique, le mirandais - ici semi-phonétique et joueur - et à deux voix fausses-jumelles. Vocalement ça crapahute de fredons dévergondés en tue-tête à la lisière (aurifère) du juste. Les mélodies sont jouées comme on peint au doigt ou comme on colorie trop fort à la craie grasse, dans un environnement très euphoriquement dérangé, un déluge de vilains bruits : machines, boîtes à rythme traînant la patte, synthés nano-brutalistes, peinturlures guitaristiques, éclats de rire. Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est vivant, très. Et constamment étonnant, constamment excitant.
"This is a raw, knotty record whose discomfiting sounds send vibrations through the sympathetic strings of your subconscious. I've never been to a bacchanal, and would probably like it to stay that way." THE WIRE
Chanson française, bruitismes, rumeurs des musiques anciennes et lointaines, instruments faits-mains, radios-transistors modifiés et autres vieux objets électroniques, Bégayer cherche un geste pour les sans-folklores, pour les rejetons de cette culture du manque, enfantée aussi bien par le crépuscule des habitus populaires que par les hurlements bruitistes, par les places publiques des villages comme par le fourmillement des flux numériques, pour un genre inédit de rapsodes-métèques.
On peut voir la culture du manque comme une joie cruelle, l’occasion d’une communion entre l’interprétation titubante de gestes anciens et de tentatives présentes, il s’agit de construire des variations singulières et des débordements.
Ainsi chaque chant bègue voudrait être un objet inquiétant et joyeux, dont l’obstination, la cruelle simplicité s’offrent en tant qu’objets manifestes d’agitation, comme distances à éprouver, comme études qui nous regardent.
‘Évohé bègue’ s’achemine vers une composition ouverte et très improvisée, située quelque part entre les patterns de Morton Feldman, les bandes d’orchestres nigérianes Ogene, les supplications post-punk de la no-wave new-yorkaise, l’insolence rieuse des musiques populaires d’Italie du nord, les chants yodels rituels des moines de Java, la poésie contemporaine, les musiques improvisées…
Cette édition double CD propose un concert solo enregistré au Festival du Peristyle à Lyon en 2022 ('No Peristilo') accompagné d’un 4-titres studio arrangé notamment avec Benjamin Petit Delor ('No Peito'). Ces 2 disques présentent un répertoire de chansons brésiliennes (Chico Buarque, Caetano Veloso, Gilberto Gil, Edu Lobo, Marcelo Camelo...) qu'Aurélien Merle a interprété sur scène depuis le début des années 2010 et souvent allègrement mélangé à ses propres chansons.
"Nul besoin d'être agrégé de logique ou de lettres pour goûter les mélodies riantes, instrumentations joueuses, harmonies voltigeuses et toute la fantaisie gracieuse qui traversent et habitent Coucouville, comme une nuée d'oiseaux bariolés. On est juste ravis, emportés, et sans doute transformés nous-mêmes en chansons" MAGIC
Dans ce bardo en miniature, Crab, accompagné de ses deux enfants et d’un grand ami, conte le passage ou l’intervalle entre le rien et la chanson. L’imminence d’un ramage houle l’Océan vacant du silence. Cependant de multiples mélodies surgissent et s’entremêlent à chaque instant dans une harmonie lianescente de guitares, trompettes, clarinettes, basses et percussions, une selve vibrante s’élance en musique vers les nuées de Coucouville, l’heureuse contrée des oiseaux chantants.
“Ces chansons, à la tonalité tour à tour euphorique, berçante ou mélancolique, réveillent et rendent présentes ces voix de femmes d'un autre temps, par la grâce magicienne de l'impromptu, du jeu, de l’invention.” MAGIC
Marion Cousin et Eloïse Decazes sont musiciennes, chanteuses et amies.
Pour la première fois en duo, elles donnent leur version amoureuse, fruste, hérétique du répertoire vernaculaire de Tras-O-Montes, pays du Nord-Est du Portugal. C’est un bouquet de chants de travail, de fête ou d’exaspération données à deux voix fausses-jumelles dans un environnement très euphoriquement dérangé, un déluge de vilains bruits : machines, boîtes à rythme traînant la patte, synthés nano-brutalistes, peinturlures guitaristiques, éclats de rire.
"This is a raw, knotty record whose discomfiting sounds send vibrations through the sympathetic strings of your subconscious." THE WIRE
Chanson française, bruitismes, rumeurs des musiques anciennes et lointaines, instruments faits-mains, radios-transistors modifiés et autres vieux objets électroniques, Bégayer cherche un geste pour les sans-folklores, pour les rejetons de cette culture du manque, enfantée aussi bien par le crépuscule des habitus populaires que par les hurlements bruitistes, par les places publiques des villages comme par le fourmillement des flux numériques, pour un genre inédit de rapsodes-métèques. ‘Évohé bègue’ s’achemine vers une composition ouverte et très improvisée…