BIOGRAPHIE
En 2014, Marion Cousin (June et Jim, Borja Flames, Catalina Matorral) initie une recherche de répertoire consacrée aux chants de travail et romances de la péninsule ibérique dans le but de transmettre et donner à entendre ce répertoire traditionnel hors de son aire.
Pour le premier volet de cette recherche, elle invite le violoncelliste Gaspar Claus à aborder l’archipel des Baléares et à écrire avec elle Jo estava que m’abrasava (2016) – Chants de travail et romances de Minorque et de Majorque, un dialogue entre violoncelle et voix qui se révèle être, en plus de la mise au jour d’un répertoire et de la rencontre entre deux musicien.ne.s et deux instruments, une exploration du champ vocal et de la plasticité de la voix.
Puis, Marion Cousin invite le duo Kaumwald, formé par Ernest Bergez (Sourdure, Orgue Agnès, Tanz Mein Herz) et Clément Vercelletto (Sarah Terral, Orgue Agnès, Horns) à travailler avec elle des romances d’Estrémadure, dans un disque intitulé Tu rabo par’abanico – Romances de Extremadura (2020). Kaumwald compose des paysages électroniques hypnotiques et accidentés, frôlant la chute et la transe, s’égarent en lisières technoïdes et multiplient les détours vers les sonorités familières d’un folklore imaginaire. Avec Marion Cousin, ils prennent pour point de départ la ritournelle et le récit apportés par ces romances d’Estrémadure, pour infuser et faire éclater cette matière première de leurs improvisations, collages, mutations et constructions électroacoustiques. La voix de la chanteuse y devient plus que jamais un matériau soumis à tous les séismes et métamorphoses.
Le troisième volet de cette recherche, Com a lanceta na mao - Chants du Trás--os-Montes, s’élabore dans une nouvelle approche, qui mêle le désir de partager le chant, à celui de prendre les instruments et ainsi sortir de la dichotomie vocaliste / instrumentiste qui assigne des rôles restreints (et souvent genrés) à chacun.e des interprètes. Ce troisième volet s’est écrit avec une autre chanteuse et instrumentiste, Éloïse Decazes, connue pour son travail avec Arlt ou avec le guitariste Eric Chenaux, voix au timbre et à la tessiture proches de celles de Marion Cousin, pour trouver non plus une « voix unique », mais une voix commune, dans laquelle les identités se mêlent, les spécificités se croisent, les émotions se caressent, sur un répertoire de la région du Trás-os-Montes, située au nord-est du Portugal. Travail au long cours – contrairement aux deux premiers albums, arrangés et enregistrés en un seul geste et quelques jours – cette collaboration s'est enregistrée au fil de sessions réalisées chez l'une et l'autre.
PRÉSENTATION DU NOUVEL ALBUM : COM A LANCETA NA MÃO
Marion Cousin et Eloïse Decazes sont musiciennes, chanteuses et amies. Depuis quelques quinze années, chacune en ses diverses incarnations (Catalina Matorral / Arlt) et compagnonnages (notamment Gaspar Claus, Kaumwald, Borja Flames pour l’une, Eric Chenaux, Delphine Dora, Julien Desailly pour l’autre) s’échine avec ses propres moyens, son propre tempérament, à faire avancer conjointement, fût-ce en crabe, la chanson d’auteur et la chanson sans auteur – qui lui est contraire mais pas ennemie – les musiques traditionnelles et les musiques expérimentales.
Pour la première fois en duo, elles donnent leur version amoureuse, fruste, hérétique du répertoire vernaculaire de Tras-O-Montes, pays du Nord-Est du Portugal. C’est un bouquet de chants de travail, de fête ou d’exaspération donnés en un idiome régional souple et plastique, le mirandais - ici semi-phonétique et joueur - et à deux voix fausses-jumelles. Vocalement ça crapahute de fredons dévergondés en tue-tête à la lisière (aurifère) du juste. Les mélodies sont jouées comme on peint au doigt ou comme on colorie trop fort à la craie grasse, dans un environnement très euphoriquement dérangé, un déluge de vilains bruits : machines, boîtes à rythme traînant la patte, synthés nano-brutalistes, peinturlures guitaristiques, éclats de rire. Le moins qu’on puisse dire c’est que c’est vivant, très. Et constamment étonnant, constamment excitant.
Marion Cousin et Eloïse Decazes sont musiciennes, chanteuses et amies.
Pour la première fois en duo, elles donnent leur version amoureuse, fruste, hérétique du répertoire vernaculaire de Tras-O-Montes, pays du Nord-Est du Portugal. C’est un bouquet de chants de travail, de fête ou d’exaspération données à deux voix fausses-jumelles dans un environnement très euphoriquement dérangé, un déluge de vilains bruits : machines, boîtes à rythme traînant la patte, synthés nano-brutalistes, peinturlures guitaristiques, éclats de rire.
Marion Cousin a composé sept chansons à partir des bribes d'une conversation entre trois dames, surprise dans un train normand, une autre à partir d'un échange capté dans le métro parisien, et un morceau instrumental. Chansons dans leur plus simple appareil, un synthé FM, une voix, et de menus arrangements à la guitare électrique et au synthé analo, portées dans le dernier temps du processus par les batteries de Renaud Cousin, et mixées et mastérisées par Manuel Duval.
Huit titres arrangés dans une ancienne grange où ont été déployés des circuits électriques quasi fermés. Ils ont mis en rythmes, en harmonies et en textures la transmission de textes et mélodies empruntés à la mémoire commune, celle des humanités, souvent rurales, qui aiment conter des histoires et offrir ainsi un spectre élargi à nos existences.
"Original et pénétrant, un insolite alliage." LE MONDE
"Le panorama sonore du duo électronique Kaumwald offre ici à la voix de Marion Cousin un espace résonnant, aussi malicieux qu'inquiétant." LIBÉRATION
"Voix sans âge et comme en stupeur de Marion Cousin, qui imprime par micro-tons d'étranges visions, ressac violent, cru, pierreux, de Gaspar Claus, on pénètre à travers ce répertoire dans les légendes dures des terres bordées de mer. C'est un isolement de fer, guetté par la tourmente et adouci seulement par des mélodies d'origine perdue, vierges ritournelles redites jusqu'au vertige et dont la faible lumière, vacillante mais tenace, vaut tous les soleils." LES INROCKS