BIOGRAPHIE
En 2014, Marion Cousin (June et Jim, Borja Flames) initie une recherche de répertoire consacrée aux chants de travail et romances de la péninsule ibérique dans le but de transmettre et donner à entendre ce répertoire traditionnel hors de son aire.
Pour le premier volet de cette recherche, elle invite le violoncelliste Gaspar Claus à aborder l'archipel des Baléares et à écrire avec elle Jo estava que m'abrasava - Chants de travail et romances de Minorque et de Majorque (Les Disques du Festival Permanent / Le Saule, 2016), un dialogue entre violoncelle et voix qui se révèle être, en plus de la mise au jour d'un répertoire et de la rencontre entre deux musiciens et deux instruments, une exploration du champ vocal et de la plasticité de la voix.
Entendant offrir chaque volet de cette série à des musiciens différents, Marion Cousin invite en 2018 le duo Kaumwald, formé par Ernest Bergez (Sourdure, Orgue Agnès, Tanz Mein Herz) et Clément Vercelletto (Sarah Terral, Orgue Agnès, Luxus) à travailler avec elle des romances d'Estrémadure, qui s'enregistreront sous la forme d'un disque intitulé Tu rabo par'abanico - Romances de Extremadura (Les Disques du Festival Permanent / Le Saule, 2020).
Au sein de Kaumwald, déjà auteur de trois albums : Hantasive (Tomaturj / Opal Tapes, 2014), Rapa Nui Clan (Opal Tapes, 2016), Cormoran (In Paradisum, 2016), ces deux musiciens composent des paysages électroniques hypnotiques et accidentés, frôlant la chute et la transe. Ils puisent aux sources de la musique électroacoustique, s’égarent en lisières technoïdes et multiplient les détours vers les sonorités familières d’un folklore imaginaire.
Avec Marion Cousin, ils prennent pour point de départ la ritournelle et le récit apportés par ces romances d'Estrémadure, pour infuser et faire éclater cette matière première de leurs improvisations, collages, mutations et constructions électroacoustiques. La voix de la chanteuse y devient plus que jamais un matériau soumis à tous les séismes et métamorphoses.
PRÉSENTATION
Il y a des engagements qui n’ont de circonscription que celle du territoire. La série initiée en 2016 par Marion Cousin promet d’explorer la péninsule ibérique par ses traditions chantées et se propose d’offrir à chaque région choisie une collaboration spécifique, issue de ses envies, de ses rencontres et de ses amitiés. Combien de disques comprendra-t-elle? Quelles formes épouseront-ils? Qui seront ses compagnons de route? Rien ne semble figé ici. Ce second opus ancre le projet dans son terrain de jeu, confirme la naissance d’une série et nous montre surtout l’immense liberté et l’évident plaisir avec lequel ces chants anciens, pas tout à fait oubliés mais déjà rares, se révèlent vivaces, fertiles et résistants aux épreuves du temps.
Ici on se laisse emporter par la voix de Marion qui prend les voiles, quitte les îles de Minorque et de Majorque, où les chants de labour et de cueillette côtoyaient de tristes épopées romanesques et le violoncelle de Gaspar Claus, dans “Jo estava que m’abrasava - Chants de travail de Minorque et de Majorque, et nous emporte vers l’Estrémadure, région reculée d’Espagne, documentée en son temps par un Luis Buñuel fasciné par l’aridité, la dureté, la pauvreté de l’existence de ses habitants, par l’isolement de ses villages.
Le film a été tourné en 1933 et ne contient aucun son enregistré sur place. Pourtant ces hommes, ces femmes, ces enfants portent des chants, cela se devine presque sur leurs visages. Et ces chants sont certainement de ces romances proposés ici par Marion Cousin et Kaumwald.
Kaumwald c’est Ernest Bergez et Clément Vercelletto, qui à eux deux forment aussi les deux tiers du trio Orgue Agnès et de là, si on tire les fils, on peut voir apparaître une large famille de musiciens qui aiment décloisonner les genres et faire sonner les outils d’aujourd’hui comme s’ils avaient été chinés en brocante. Ernest de son côté sévit aussi en solo sous le nom de Sourdure, où il met au jour les chants populaires de France avec son violon, sa voix et quelques machines au son brut dont il a le secret.
Le duo pare les chants choisis par Marion d’une électricité organique qui circule entre les lettres, s’insinue parmi les syllabes et relève le groove abimé de ces ritournelles qui semblent n’avoir jamais cessé de se répéter. Le trio qui voit le jour ici propose huit titres arrangés dans une ancienne grange où ont été déployés des circuits électriques quasi fermés qui, outre une absorption et une transformation du chant pour un rendu à la fois étrange et évident, ont aussi mis en rythmes, en harmonies et en textures cette tentative réussie de transmission de ces textes et mélodies empruntés à la mémoire commune, celle des humanités, souvent rurales, qui aiment conter des histoires et offrir ainsi un spectre élargi à nos existences.
Huit titres arrangés dans une ancienne grange où ont été déployés des circuits électriques quasi fermés. Ils ont mis en rythmes, en harmonies et en textures la transmission de textes et mélodies empruntés à la mémoire commune, celle des humanités, souvent rurales, qui aiment conter des histoires et offrir ainsi un spectre élargi à nos existences.
"Original et pénétrant, un insolite alliage." LE MONDE
"Le panorama sonore du duo électronique Kaumwald offre ici à la voix de Marion Cousin un espace résonnant, aussi malicieux qu'inquiétant." LIBÉRATION
"Voix sans âge et comme en stupeur de Marion Cousin, qui imprime par micro-tons d'étranges visions, ressac violent, cru, pierreux, de Gaspar Claus, on pénètre à travers ce répertoire dans les légendes dures des terres bordées de mer. C'est un isolement de fer, guetté par la tourmente et adouci seulement par des mélodies d'origine perdue, vierges ritournelles redites jusqu'au vertige et dont la faible lumière, vacillante mais tenace, vaut tous les soleils." LES INROCKS
"Magistral et intemporel" FRANCE CULTURE
Les Disques du Festival Permanent / Label Le Saule